L'ÉGLISE DE VILLAINES SOUS LUCÉ

       A l'époque de sa fondation, avant 1080, l'église de Villaines, comme la plupart des églises du Maine, était propriété privée. Elle appartenait à celui qui avait fourni le terrain et les crédits pour sa construction. C'était un bien recherché à cause des revenus qu'il procurait à son propriétaire : dîmes, taxes perçues pour les sacrements, sépultures, messes, ...

      Les abbayes mancelles, dévastées et appauvries après les invasions bretonnes (850) puis normandes (875), ont entrepris de reconstituer et d'augmenter leurs domaines. Travail de longue haleine ...

      C'est ainsi qu'on voit l'abbé RANNOUX (1080-1103) de Saint-Vincent du Mans parcourir les grands chemins au chevet de quelque riche malade ou de quelque mourant aux gros revenus. La « perle rare » découverte, le prélat lui ouvre les yeux sur l'ampleur et la gravité des fautes passées, puis lui offre la rémission contre de grasses aumônes ou des donations mobilières : terrains, exploitations agricoles, chapelles, églises, ... en tout ou en partie. RANNOUX s'empresse alors de faire ratifier ces acquisitions chez le seigneur suzerain de sa «victime» devant de nombreux témoins, en un lieu plutôt médiatique ! ... Ensuite, il range précieusement ses nouveaux titres de propriété dans un énorme dossier ou cartulaire, -le cartulaire de l'abbaye Saint-Vincent a réussi à parvenir jusqu'à nous-.

      C'est de cette manière que l'abbaye Saint-Vincent obtint l'église de Villaines entre 1080 et 1097. L'abbé RANNOUX reçut de GONHIER de Souligné-sous-Ballon contre le salut des âmes de toute la famille : le père, la mère, les frères, les neveux sans oublier GONHIER lui-même, plus, RANNOUX ne lésinait pas, les ancêtres et les héritiers.

      En 1097, ADAM de la Motte, le suzerain de GONHIER approuve cet accord. Par la suite, il y eut bien des contestations -violentes parfois - de la part d'héritiers qui s'estimaient lésés, mais l'abbaye ne lâcha rien. Elle maintint ses possessions jusqu'en 1789.

    Au début du XIII éme siècle, la population agricole se développant en même temps que les techniques, les moines de St Vincent firent construire une grande dimeresse près de l'église. La clé de ce nouveau bâtiment ne leur était remise qu'à la rentrée des dîmes (1/10 de chaque récolte).

   Trois siècles plus tard, en 1612, le seigneur et la dame de CORBUON : Jean de la PALUELLE et Françoise du PON, TAVICE dotèrent l'église d'un chœur, d'un bas-côté et de deux chapelles, soutenus dans leur effort par la contribution du baron de Lucé.

   En 1743, Jacques PINEAU de VIENNAY posa la première pierre de l'actuel clocher. jusqu'en 1825, deux clochers domineront l'église. L'ancien sera détruit pour fournir de l'ardoise au toit de la nef qui perdait de plus en plus son étanchéité.

   Enfin, en 1783, on démolit la sacristie et on en refit une plus confortable.

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      Au VI ème siècle, le 6 mars 572, un vaste territoire presque inculte de plus de 6000 hectares est offert par l'évêque du Mans, DOMNOLE, à l'abbaye Saint-Vincent du Mans, pour sa fondation. On l'appelle la villa de Tresson. Ce domaine est géré par ABONDANCE, assisté de 9 esclaves. En outre un troupeau de chevaux est confié à la garde d'un palefrenier. Il n'y avait alors qu'une petite surface cultivée (champs, prés, pâtures, bois, pièces d'eau).

      Avant le IXème siècle quelques chapelles étaient dispersées dans cette vaste étendue pour les colons envoyés au défrichement : une ou deux cabanes entourées de champs nouvellement ouverts à la culture pouvaient abriter quelques serfs et leur famille ; les moines de Saint-Vincent, soucieux de l'âme de leurs ouailles, n'ont pas manquer de faire élever tout auprès un petit oratoire. C'est ainsi que s'expliquerait la présence d'un lieu de culte dans le « Champ de la Vieille Église , Villaines, peu peuplée, se rapprocha de la Veuve pour régler des difficultés de ravitaillement en eau.

      Après l'avènement des Carolingiens, les maîtres de l'abbaye de Saint-Vincent sont dépossédés volontairement ou non de leur villa de Tresson; une partie échut à GONHIER qui fit édifier au XIème siècle une église en pierre, source de revenus alléchants.

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A REMARQUER

 

  • Les fonts baptismaux du 14ème s.

 

  • Le retable du 16ème s.

 

  • La Vierge à l'enfant en terre cuite, à l'extérieur du 16èmes.

 

Ceci sont inscrits à l'inventaire des Monuments Historiques.

Remerciements: à S.I LUCÉ-BERCÉ et à la revue AU FIL DU TEMPS

(plaquette éditée le 6 mai 2001)